• Suite de mon Top Album 2015

     

    7 ieme Tame Impala - Currents

    Trio de Perth formé en 2007 et mené par le chanteur/songwriter Kevin Parker, Tame Impala propose une pop psychédélique totalement jouissive. Impossible, en effet, de rester insensible à ce voyage planant aux arrangements sophistiqués porté par une basse incroyable, une voix à la Lennon et une inspiration sans faille. Ils croient dur comme fer que le Summer of Love peut arriver, que la guerre du Vietnam doit s’arrêter, que Syd Barrett restera dans Pink Floyd. En les écoutant on ne peut qu'acquiescer.

     

     

     

     

     

     

     

     

    8 ieme Young Fathers - White Men Are Black Men Too

     

     

    En octobre 2014, ils remportaient le Mercury Prize pour l’album Dead, habité par un rap affolé et suffocant : les trois Ecossais de Young Fathers y étaient possédés par un mal laissant échapper un peu de lumière. La statuette à peine posée sur le fronton de leur cheminée et voilà que le trio d’Edimbourg sort son deuxième album studio, White Men are Black Too, le 6 avril dernier. Ils ont ouvert les rideaux de leur refuge moite pour y faire rentrer un peu de lumière : l’album a été conçu durant leur tournée mondiale de 2014, avec quelques notes composées dans l’Illinois, trois mots à Berlin, une boucle à Londres, avant de rejoindre leur “trou habituel” d’une cave d’Edimburg. Un rayon de soleil à la croisée du blues, du gospel et de la pop.

     

     

     

     

     

     

     

    9 ieme Gaz Coombes - Matador

     

     

    Vingt ans que cette adorable petite teigne à rouflaquettes a débarqué en trombe, flanqué de deux complices aux allures pareillement cartoonesques, pour une explosion pop comme l’Angleterre n’en aura pas connu beaucoup depuis. Trio de gentils chiens fous lâchés dans le jeu de quilles de la britpop alors triomphante, Supergrass aura pour beaucoup constitué alors l’alternative futée et fruitée à la sinistre bataille d’Opinel entre Blur et Oasis, jouant les arbitres potaches des inélégances égotistes de leurs voisins de charts. Contrairement à Albarn, qui a choisi de s’en tenir à une ligne monochrome et introspective avec Everyday Robots, Gaz déploie sur Matador un éventail de styles, d’humeurs et de teintes qui donne le tournis, avant de séduire sur la longueur comme peu d’albums de ces “vétérans” (Jarvis, Gallagher, Ashcroft ou Yorke) l’ancien leader de Supergrass pour l’un des acteurs les plus attachants du rock anglais, on n’aurait pas misé un penny sur ses capacités à surprendre une nouvelle fois, surtout après le sympathique mais pas franchement exaltant Here Come the Bombs il y a bientôt trois ans. Aucun single évident ne saute en effet à la gorge parmi ces douze morceaux qui privilégient l’étreinte langoureuse, la combustion lente et les explosions soudaines, à l’image de Buffalo, le titre d’ouverture qui, une fois composé, donna les clés à Gaz pour ouvrir les autres galeries d’un disque à la fois bref et labyrinthique, qui paraît contenir dix fois plus de chansons qu’il en affiche officiellement. Il chante “Je suis un acrobate sur un fil électrique” (Buffalo) et on le croit volontiers quand il se confronte dangereusement au vertige sur The English Ruse, fresque monumentale à la rythmique façon Neu! et trouée au milieu par une chorale angélique que viennent à leur tour parasiter des giclées de claviers acides à la Brian Eno. Ceux qui découvriront Matador sans avoir jamais trop prêté attention à Supergrass regretteront en revanche de les avoir trop souvent pris à la légère.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    10 ieme Sleaford Mods - Key Markets

     

    Crasseux, dépravés, teigneux, sans chiqué : en quelques albums et plusieurs collaborations avec les pontes de la jungle anglaise (The Prodigy, Leftfield), Jason Williamson et Andrew Fearn, anciens conseillers Assedic et standardistes dans une salle de gym, ont déjà marqué l’histoire du post-punk anglais, plus vraiment habitué à être brutalisé par une telle matrice souillée. Comme Austerity Dogs et Chubbed Up+ avant lui, Key Markets, nommé ainsi en hommage à un grand supermarché du centre de Grantham dans les années 70-80, ne tient d’ailleurs qu’à très peu de choses. Ou plutôt à un principe, aussi simple qu’imparable : des riffs sulfureux et minimalistes, des boucles rythmiques héritées des subcultures britanniques et une morgue à faire passer John Cooper Clarke pour un poète endimanché. Braillard et cinglant, souvent teinté de hip-hop, Key Markets entrechoque avec panache socio-réalisme et mélodies syncopées au sein de tubes parfaitement imparfaits. Mention spéciale à Face to Faces et The Blob, grâce auxquels le vaurien adepte des bitures minables, le prolo plongé dans la solitude urbaine et le perdant magnifique peuvent enfin avoir leur dose de punk-songs satiriques et militantes.

     

     

     

     

     

     

     

    11 ieme New Order - Music Complete

     

     

    Music Complete est le premier du groupe depuis 10 ans et la parution en 2005 de Waiting For The Siren’s Call. Il a en grande majorité été produit par les cinq anglais (Bernard Sumner, Gillian Gilbert qui signe son grand retour, Stephen Morris, Tom Chapman et Phil Cunningham, Peter Hook n’étant évidemment plus de la partie), avec l’aide de Tom Rowlands des Chemical Brothers sur trois titres et de Stuart ‘Les Rythmes Digitales’ Price sur un autre.

    New Order étant un peu moins New Order sans Peter Saville, c’est ce dernier qui, une fois de plus, a pris en charge la direction artistique de Music Complete.